La sobriété numérique

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La sobriété numérique est un concept qui vise à réduire l’empreinte carbone du secteur du numérique, notamment en matière de consommation énergétique.

C’est quoi la sobriété numérique ?

Le terme de sobriété numérique possède une longue histoire depuis sa première mention par GreenIT en 2008 (Bordage, F., 2018), sous l’impulsion de Frédéric Bordages, ingénieur et fondateur de GreenIT.

Ce terme désigne la démarche qui incite à un usage modéré du numérique et qui alerte sur l’empreinte carbone de ce secteur, notamment en matière de consommation énergétique.

Ces deux dernières années, la sobriété numérique s’est affirmée comme un concept rassembleur au sein des acteurs œuvrant pour un numérique résilient. Elle est maintenant régulièrement mise en avant comme une démarche centrale par des autorités publiques (Sénat, Conseil National du Numérique etc.) comme par des associations ou organisations professionnelles (Cigref, Syntec Numérique).

Notre hyper-consommation numérique telle qu’elle existe aujourd’hui résulte de mécanismes psycho-sociétaux identifiés. Ce qui est en jeu dépasse les « bonnes pratiques » individuelles : il est urgent de recouvrer et de conserver la maîtrise de nos interactions numériques à l’échelle collective.

La sobriété numérique a vocation par exemple, à promouvoir les Low-Tech, l’écoconception de sites Web ainsi que des pratiques vertueuses pour diminuer l’empreinte énergétique du digital.

Comprendre la construction et les impacts des usages numériques tels qu’ils existent aujourd’hui est indispensable pour s’assurer que le numérique soit pertinent au regard de nos objectifs collectifs et des défis de ce siècle.

Tout un champ d’actions publiques est à développer et à mettre en œuvre, de l’éducation initiale au numérique à la régulation de techniques de design en passant par des campagnes de prévention contre l’obésité numérique.

Les réflexions et pistes de solutions pour déployer la sobriété numérique peuvent également trouver à s’appliquer au sein des pays en développement : bien que les contextes initiaux et les trajectoires de référence soient différentes, les dynamiques régissant les usages et l’offre y sont sensiblement similaires.


Que nous impose le numérique et quels dont ses dangers ?

Les entreprises privées, toutes les administrations et les grands services publics, mais aussi les particuliers sont connectés au moyen d’ordinateurs, tablettes et autres téléphones. Consommer du numérique, c’est donc à la fois la quantité d’intrants nécessaires à leur fabrication, le coût du transport, l’énergie pour se connecter mais aussi et surtout l’énergie dépensée pour faire circuler les informations à partir des Datas Center.

On peut donc définir la pollution numérique comme la résultante immédiate et directe de la consommation numérique. Cette pollution se traduit par une émission de GES (Gaz à Effet de Serre) proche de celle émise par l’ensemble des poids lourds en circulation dans le Monde. Au rythme actuel de plus 10% par an, la pollution numérique dépassera en 2035 la production de GES émise en 2020 par l’ensemble des véhicules terrestres à moteur.

Ainsi, la fabrication d’un Iphone se décline globalement de cette manière : conception et R&D aux Etats-Unis ; processeur et mémoire SDRAM en Corée du Sud ; écran tactile au Japon ; antenne, appareil photo et système de guidage GPS en Allemagne ; assemblage en Chine. Au final, la fabrication des terminaux représente 50% des émissions de gaz à effet de serre d’un appareil, la consommation électrique des data center environ 20% et l’utilisation du device les 30% restants.

« Le réel est la maladie du rève ! « 

Sylvain Tesson – Une très légère Oscillation – Journal 2014-2017 – Édition Équateurs