Le futur en marche

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Illustration : Gabs

L’ÉTAT DES LIEUX

Depuis quelques années, l’intelligence artificielle (IA), les objets connectés et les robots ont fait irruptions dans de nombreux secteurs, plus dans la sphère des entreprises ou publics que dans la sphère privée, mais cela ne va pas durer ! Et pour chacun de ces « créations », il nous appartiendra (ou pas) de nous investir pour en fixer les règles.

Pour l’intelligence artificielle, l’IA répare déjà et soigne par exemple : Neuroprothèse, aide au diagnostic, interprétation d’images médicales…

Pour les Robots, aujourd’hui déjà, des millions de machines industrielles, des robots, boulonnent, soudent peignent etc. à la place d’ouvriers dans les usines

Pour les objets connectés, les smarts city sont déjà à l’œuvre : une ville intelligente, c’est à dire une ville qui utilise les nouvelles technologies (objets connectés, robotique, collecte et traitements de données, Internet) afin d’améliorer le quotidien de ses habitants, existe déjà dans certains pays.

Alors entre le meilleur et le pire, voici un rapide survol des caractéristiques et perspectives de chacune de ces « innovations »

L’intelligence artificielle

État des lieux :

La technologie émergente de l’intelligence artificielle, ou IA, croise plusieurs techniques simulant les processus cognitifs humains. Existant depuis les années 60, la recherche s’est développée récemment au point de multiplier les applications: voitures autonomes, diagnostics médicaux, assistants personnels, finance algorithmique, robots industriels, jeux vidéo… L’explosion de la puissance de calcul des machines a fait basculer l’IA, dans les années 2010, d’un classique de science-fiction à une réalité de plus en plus proche, devenue enjeu scientifique majeur. Deep-learning, algorithmes de réseaux néronaux ou encore ordinateurs quantiques: autant d’espoirs pour les transhumanistes, autant de craintes pour de nombreuses personnalités du monde high-tech -dont Stephen Hawking, Bill Gates ou Elon Musk– qui pointent les risques éthiques d’une IA rendue trop autonome ou consciente, et le fragile équilibre bénéfices-risques sur l’emploi.

On connaît le moment précis où l’intelligence artificielle (IA) s’est imposée dans la société : c’était en octobre 2012, à Florence (Italie),

Lors de la troisième édition du Image Net Large Scale Visual Recognition Challenge. Au cours de ce défi annuel de reconnaissance automatique de scènes visuelles (photographiées), destiné aux chercheurs en IA, l’équipe de l’université de Toronto (Canada) rafle la mise avec son système de Deep Learning (ou apprentissage profond). C’est une nouveauté technique et une petite révolution : alors qu’on n’était jamais passé sous la barre des 25 % d’erreur dans la reconnaissance d’un millier d’objets, l’IA de Toronto obtient le score impressionnant de 16 % d’erreur (taux qui, depuis lors, est tombé à quelques pour cents). Ce type d’IA, un réseau de neurones à plusieurs couches, n’est pas une nouveauté théorique : il a été imaginé dans les années 1980, par analogie avec les couches du système visuel humain (V1 à V5).

Mais c’est la première fois que ce type d’algorithme prouve sa supériorité sur le terrain.

Impressionnées, les grandes entreprises du Net (Google, Facebook, Amazon, Apple, IBM, Baidu, Alibaba, etc.) ne tardent pas à s’emparer de cette technologie en embauchant à tours de bras des spécialistes, venus du monde académique. Une enquête publiée en septembre 2016 dans Fortune, « Pourquoi le Deep Learning est entrain de changer votre vie », dévoilait qu’entre 2014 et 2016, les investissements des firmes américaines dans les projets d’apprentissage profond avaient atteint 6 milliards de dollars (pour seulement 1,5 milliard en technologies IA entre 2011 et 2014). Très vite, les exploits du Deep Learning (souvent associé à d’autres technologies, comme l’apprentissage par renforcement) se font connaître du public : l’IA de Google Alpha Go accède à la célébrité, en 2016, en battant deux des meilleurs joueurs de go mondiaux, puis sa version améliorée, Alpha Zero, devient championne de jeux d’arcade en apprenant à jouer seule, contre elle-même. En 2017, le système Libratus développé par l’université Carnegie-Mellon (États-Unis) plume littéralement quatre des meilleurs joueurs de poker, remportant 1,76 million de dollars…

DES PROGRAMMES CAPABLES DE DÉCIDER

Moins médiatique, la recherche scientifique bénéficie aussi du phénomène Deep Learning, notamment en médecine : recherche sur le cancer (détection de cellules malignes), imagerie médicale (rayons X, IRM, scanner), neurosciences, épidémiologie, biologie, psychiatrie… « L’IA, en particulier l’apprentissage profond, permet d’extraire des connaissances à partir d’un volume phénoménal de données, explique Jean-Gabriel Ganascia, professeur d’informatique à la Sorbonne. Elle est donc idéale pour des tâches impliquant des décisions : reconnaissance de visages, traitement des données médicales, voiture autonome… »

Avec cette révolution de l’IA portée par le Deep Learning, des voix critiques commencent également à se faire entendre. Les plus audibles proviennent de célébrités du monde académique ou entrepreneurial, comme le physicien Stephen Hawking (décédé en 2018), le fondateur de Microsoft, Bill Gates, ou encore Elon Musk, le charismatique PDG de Spa ce Xe t Tesla. « Si les gens peuvent concevoir des virus informatiques, quelqu’un pourrait concevoir une IA capable de s’améliorer et de se reproduire, déclarait Stephen Hawking en 2014. Ce sera une nouvelle forme de vie capable de surpasser les humains. » Pour Elon Musk, l’intelligence artificielle est devenue « le plus grand risque auquel notre civilisation sera un jour confrontée ».

L’astrophysicien britannique Stephen Hawking, qui s’exprimait par l’intermédiaire d’un ordinateur en raison d’une maladie, mettait en garde contre le développement de l’intelligence artificielle.

Selon Elon Musk, il est impératif de ne pas sous-estimer l’IA et de ” prendre garde à la direction qu’elle emprunte.

En 2018, le chef d’entreprise déclarait ainsi que l’intelligence artificielle représente ” une menace bien plus grande que les bombes nucléaires pour l’humanité “. Il craint notamment la création de robots tueurs militaires, ou encore l’émergence d’IA si intelligentes qu’elle rendrait l’Homme obsolète.

Nous finirions alors comme de vulgaires esclaves pour ces machines supérieures. Ainsi, tout comme les armes nucléaires font l’objet de régulations strictes pour éviter leur prolifération, Elon Musk appelle à contrôler le développement des technologies IA de façon ferme.

En outre, pour éviter que l’humain soit totalement déclassé par la machine, il a créé la startup ” Neuralink “. Son but est de permettre à l’Homme de combiner son intelligence avec l’IA par le biais d’un implant, afin d’augmenter ses capacités cognitives…

Les aglorithmes

Au Royaume-Uni, des citadins sont notés en fonction des données collectées auprès des services publics. L’objectif, identifier les individus susceptible de connaître des problèmes sociaux. Ailleurs, les algorithmes repèrent déjà les prévenus qui pourraient récidiver après une infraction…Mais ces programmes informatiques, que l’on pourrait croire objectif, reflètent nos propres préjugés.

Aux Etats-Unis, une analyse détaillée a révélé en octobre 2019, que les patients noirs seraient victimes de ne analyse détaillée vient de le révéler : les patients noirs seraient victimes de discrimination systématique de la part d’un algorithme couramment utilisé dans les hôpitaux américains pour attribuer des prestations de santé. L’étude, publiée dans Science le 25 octobre, conclut que cet algorithme est moins susceptible de faire bénéficier les Noirs que les Blancs de programmes destinés à améliorer les soins des patients présentant des besoins médicaux complexes. Les hôpitaux et les assureurs se servent de cet algorithme et d’autres pour gérer les soins de près de 200 mil-lions de personnes chaque année aux États-Unis.Les études de ce genre sont peu fréquentes, car les chercheurs n’ont que rarement accès aux algorithmes propriétaires et aux énormes quantités de données médicales sensibles qui sont néces-saires pour pouvoir les tester de façon exhaustive, précise Milena Gianfrancesco, épidémiologiste de l’université de Californie à San Francisco, qui a analysé des sources de discrimination dans des archives médicales électroniques [mais n’a pas participé à la récente étude parue dans Science]. Mais des études plus modestes et des rapports au cas par cas ont déjà établi que des algorithmes étaient à l’origine de décisions injustes ou discriminatoires dans des domaines allant de la justice pénale à l’éducation et la santé. “C’est inquiétant,dit Milena Gianfrancesco à propos de la dernière étude en date. Il nous faut un meilleur moyen d’évaluer vraiment la santé des patients. »

Constatant les imperfections du logiciel Compas, utilisé dans certains États américains pour prédire la récidive, la MIT Technology Review lance sur son site un défi à ses lecteurs : “Pouvez-vous rendre l’intelligence artificielle plus juste qu’un juge ?” À l’aide d’un outil interactif, il s’agit de déplacer le curseur entre dix groupes, classés d’un risque “très bas” à un risque “très haut”, afin d’éviter aux personnes qui ne commettront pas de nouvelle infraction d’être emprisonnées et de mettre derrière les barreaux celles qui récidiveront. Et malgré la meilleure volonté du monde, le constat s’impose : les erreurs sont inévitables. Logique, selon la revue américaine, puisque le logiciel fonde ses recommandations sur une échelle de risque définie en fonction de facteurs économiques, politiques et sociaux. Concrètement, “si des Noirs sont arrêtés à un rythme plus élevé que des Blancs, leur taux d’arrestations prédictif sera plus élevé. Autrement dit une plus grande proportion d’entre eux seront considérés comme étant à haut risque – à tort ou à raison

Par ailleurs, Los Angeles a testé la police prédictive. Les algorithmes peuvent-ils faire la police ? Selon The Atlantic, la ville de Los Angeles a un avis sur la question. Dès 2008, les autorités ont commencé à s’intéresser à des programmes de police prédictive, dont PredPol, un algorithme dessinant des zones de 50m2 où les crimes contre les biens sont les plus susceptibles de se produire. Et Laser, un programme qui utilise 6 ans de données pour déterminer les secteurs où la violence par arme à feu est endémique. Ces deux programmes ont été testés de 2011 à 2013. deux ans après les expérimentations, des chercheurs ont conclu que l’algorithme de PredPol était deux fois plus efficace que des analyses humaines pour prédire la criminalité. Mais la police prédicitive a été abondamment critiqué pour son manque de transparence. Elle a fait l’objet d’un audit rendu en mars 2019. « Même après une décennie d’utilisation, il était difficile de déterminer si PredPol et Lazer avaient faits baisser les crimes contre les biens et personnes. »

Les robots

Et si… les robots prenaient le pouvoir ?

Le mot robot à 100 ans et ils évoluent avec de plus en plus de capacités, d’intelligence. Des bras articulers en 1950 utilisé principalement dans le secteur nucléaire aux drones de 2020 (déjà très utilisés dans les secteurs militaires et civils), en passant par les mains articulés, molles et flexibles, qui ont déjà le sens du toucher humain (RBO hands 3 ), les évolutions sont ahurissantes.

Si avant le Covid 19, remplacer de humains par des robots était rejeté par une majorité d’individus (dans les sondages), tout est en train de changer…

Ils marchent, courent, combattent et font même du bricolage ! Ce sont les impressionnants robots humanoïdes développés par des laboratoires de pointe, principalement aux Etats-Unis et au Japon, dont les capacités miment les nôtres et les dépassent. Dans un futur proche, voire à moyen terme, les constructeurs visent à les faire entrer dans notre quotidien, comme aides à domicile, ouvriers ou sauveteurs.

Et puis il y a les autres, ceux qui ne ressemblent en rien à des personnes. Moins spectaculaires, mais beaucoup plus nombreux et dotés de qualités parfois ultra-pointues, les robots construisent, parlent, nagent, rampent, volent en nuées parfaitement coordonnées et s’illustrent dans toutes sortes de domaines. Ils assistent les chirurgiens dans leurs opérations, les agriculteurs dans le désherbage, les écologues dans leurs missions sous-marines… Il y a fort à parier que dans quelques années, l’industrie les adaptera à des activités où on ne les attendait pas.

Quelques exemples :

1. Forte du constat que la robotique reste inaccessible aux particuliers, la start-up lilloise Niryo a conçu Niryo One, le premier bras robotique open source à destination des makers en herbe. Voué à l’apprentissage de la robotique, ce bras polyarticulé comporte six axes et peut atteindre tout point de l’espace de travail dans n’importe quelle direction. Cinq préhenseurs interchangeables – pinces, électroaimant et pompe à vide – offrent ensuite une variété d’actions, de la saisie à la manipulation d’objets.

Prix : env. 1 500 € en kit et 2 100 € tout assemblé
Rens. : Niryo.com

2. Large d’un demi-millimètre et guidé par un aimant, un neuro-robot « mou » devrait permettre aux neurochirurgiens d’atteindre des parties du cerveau aujourd’hui inaccessibles, tout en leur évitant d’être trop exposés aux radiations.

Le « robot mou ferromagnétique » se faufile partout, ou presque. Pour fabriquer son corps, une équipe du MIT a dispersé des microparticules magnétiques dans une matrice souple, et l’a rendu activable au niveau de la tête. « Celle-ci suit la direction du champ magnétique qu’on applique avec un aimant, explique le chercheur Yoonho Kim. Ce qui est très utile pour naviguer dans des circuits particulièrement étroits et complexes tels que le système vasculaire du cerveau. » Les frictions, quant à elles, sont réduites grâce à un mince film d’hydrogel recouvrant sa surface.

De quoi soulever bien des débats, notamment celui du remplacement des travailleurs par des machines. Une quatrième révolution industrielle se prépare !

LES OBJETS CONNECTES

Mais le pire reste probablement à venir car une nouvelle frénésie numérique est en marche, celle des objets connectés. Un marché gigantesque et économiquement intéressant. En 2020, on estime qu’il y aura ainsi entre 50 et 80 milliards d’objets connectés à travers le monde. Cet engouement intervient notamment sur des sujets qui sont justement liée… à la réduction de la consommation d’électricité !

RÉDUIRE NOTRE STOCK D’OBJETS CONNECTÉS

  • Pour réduire notre empreinte écologique

La biodiversité est dévastée sur les sîtes d’extraction des minerais, les sols et les rivières sont polluées dans les pays d’export des déchets. Il n’y a rien de plus matériel que le cloud, les objets connectés et les appli. Les datas centers par lesquels transitent les données prévoient le double de l’énergie électrique,dont ils ont besoin, pour refroidir leur atmosphère, surchauffée par les ordinateurs.

  • Réduire notre exposition au piratage

Le problème du piratage de ces objets est critique, surtout que les fabricants affichent un réel manque d’intérêt pour le sujet. Pourtant, les menaces sont multiples et parfois graves : vol de données personnelles, modification de paramètres (la température de la chaudière…), détournement de l’objet (caméra, voiture…), mise hors service ou enrôlement en vue d’attaquer des sites tiers… Alors, comment se protéger ?

Le meilleur conseil : proscrire les objets connectés mais le pourra t-on encore longtemps ?

Sinon, si vous en utilisez déjà sécurisez vos mots de passe, téléchargez les mises à jour des appareils et activez bien le pare-feu de votre box internet.

D’autres précautions sont aussi à envisager, comme modifier le nom de l’objet sur le réseau pour le rendre moins repérable, sécuriser la connexion wi-fi WPA2 qui offre un protocole de cryptage plus sécurisé, filtrer les équipements autorisés à se connecter au routeur ou à la box.

Autre conseil : évitez les objets à bas prix, souvent moins bien armés contre les pirates. Et pour cause : sécuriser un objet a un coût.

ATTENTION AUX FAUSSES PISTES

Un grand nombre d’acteurs pensent aujourd’hui que la technologie peut permettre aux villes et aux ménages d’économiser leur électricité, leur chauffage ou leur consommation grâce à des objets intelligents et connectés. C’est le principe de la smart city et, en ce qui concerne l’électricité, de ce qu’on appelle les smart grids. Ce concept imparfait n’est en réalité qu’un déplacement de la pollution puisque la consommation électrique des objets connectés ainsi que leur fabrication et le manque de solution concernant leur recyclage pousse en réalité à une augmentation des émissions de CO2.

Alors que s’ébauchent les principes d’une économie de la fonctionnalité, véritable rupture avec nos habitudes consuméristes, la sobriété numérique n’est pas une démarche négative de renoncement mais au contraire une démarche positive de réduction, par une hiérarchisation de nos besoins réels. C’est à l’échelle des entreprises et administrations, mais aussi et peut-être surtout, au niveau individuel, que se dessine la réduction des consommations superflues voire inutiles. Une moindre pression environnementale, un lien social différent et plus humain, dans un univers mieux partagé.

Russie : un « dossier » sur chaque citoyen.

En 2019, la Douma (chambre des députés de Russie) a adopté en première lecture, le projet de loi su gouvernement sur la création d’une base unique d’informations sur chaque citoyen du pays. Sous la houlette du service des impôts, seront rassemblés toutes les données numériques actuellement gérées par plusieurs ministère, la caisse de retraite et même l’Agence du transport maritime et fluviale. Le site Pravda.ru croit savoir qu’une des entreprises russes spécialisées dans le traitement des grandes quantités de données, expérimente déjà un système de notation des citoyens sur des critères comme le « potentiel social », ou la « dangerosité » en matière de criminalité

Source : Courrier International – Novembre 2019 : « Algorthimes, ils prédisent notre avenir. »

INTERNET

The Wall Street Journal (e x t r a i t s) Ne w York

L’Internet mondial est en train de se diviser en deux. D’un côté, il y a la version chinoise : un environnement numérique où le paie-ment mobile a remplacé l’argent liquide. Le smartphone en est l’élément central, celui qui permet de faire des achats et des opérations bancaires, d’envoyer des messages et de surfer sur Internet à partir d’une seule et même appli-cation. L’inconvénient est que l’État y règne en maître absolu et vous surveille – il est peut-être judicieux d’utiliser un langage codé pour discu-ter avec vos amis. Et vous pouvez faire une croix sur Google et Facebook.

De l’autre côté, il y a l’Internet ouvert à tous auquel accède à peu près le reste du monde. Là, les utilisateurs peuvent dire à peu près ce qu’ils veulent et les développeurs inventer ce qu’ils veulent. Pour les gens habitués à l’Inter-net chinois, cette version peut paraître lourde et malcommode. Il faut sans cesse jongler entre différentes applis. Et certains sites semblent ne pas avoir été conçus pour être consultés sur un smartphone.Alors que la 5G, la nouvelle génération de technologie mobile ultrarapide, devrait bientôt être déployée, ces deux mondes s’affrontent. Car la Chine espère bien devenir le principal équipementier de ces futurs réseaux, et pousse ses clients à adopter sa vision d’Internet en les incitant à utili-ser des variantes de sa “grande muraille électro-nique” qui lui permet de contrôler son Internet et de contenir l’influence occidentale.Surveillance. Selon certains acteurs de la Silicon Valley, cette divergence d’approches pourrait donner un précieux avantage aux entreprises chinoises dans le domaine de l’intelligence artificielle, car elles ont moins de contraintes que leurs concurrentes en matière de respect de la vie privée et de protection des données.“

L’approche chinoise pourrait déboucher sur des améliorations à grande échelle, par exemple dans le domaine de la santé, grâce à la collecte massive et à l’analyse de données, a récemment déclaré l’ancien vice-Premier ministre britannique Nick Clegg, aujourd’hui responsable des affaires internationales et de la communication de Facebook. Mais elle pourrait également servir à de dangereuses À chacun son modèleLa rivalité entre les États-Unis et la Chine dans le domaine de la 5G n’est pas seulement technologique. Elle oppose aussi deux visions d’Internet.

Politiques de surveillance.” D’après lui, il faut choisir “entre un secteur technologique proprement réglementé, offrant un équilibre entre les exigences de vie privée, de liberté d’expression, d’in-novation et d’échelle, et un système où l’ingéniosité passe avant certaines libertés individuelles et garanties fondamentales”. Le fossé apparaît clairement à ceux qui naviguent entre ces deux mondes. Directeur d’un cabinet de conseil international à Washington, Tom Pellman a vécu dix ans à Pékin à partir du milieu des années 2000. Sa société n’utilisait pas l’appli-cation de messagerie Slack, interdite en Chine. Il contournait la grande muraille électronique grâce à des réseaux virtuels privés (VPN) – jusqu’à ce qu’ils soient découverts et bloqués. “C’est le jeu du chat et de la souris”, résume-t-il. La censure en Chine, c’est comme la pollution de l’air, ajoute-t-il. “Quand vous êtes dedans, ça ne vous semble pas si terrible, c’est quand vous en êtes sortis que vous vous rendez compte à quel point c’était mauvais.” Il adorait WeChat, l’appli qui permet de tout faire. “Quand je suis rentré aux États-Unis, j’ai eu l’impression de revenir à l’âge de pierre. Sans WeChat, tout paraissait ringard.”Ces deux univers coexistent en parallèle. Dans l’un, les gens font leurs courses sur Amazon ; dans l’autre, ils se servent chez Alibaba.

En Occident, Google est tellement célèbre que c’est devenu un verbe ; en Chine, il y a Baidu. À Londres, vous pouvez prendre le métro avec Apple Pay ; à Pékin, vous utilisez Alipay. Et en Chine, pour faire tout cela à partir de la même appli, il y a WeChat, grâce à laquelle 1 milliard de personnes s’en-voient des textos, appellent un taxi et font bien d’autres choses.Pékin a interdit à Google, à Facebook et consorts de s’implanter en Chine, préférant soutenir des champions nationaux comme Alibaba et Tencent – propriétaire de WeChat. Mais, en dehors du pays, ces géants ne décollent pas vraiment.L’arrivée de la 5G exacerbe les tensions entre les modèles chinois et américain et, à mesure que le fossé se creuse, un certain nombre de pays pourraient être tentés de rejoindre le modèle de cyberespace chinois. Cette technologie devrait permettre de télécharger un film sur téléphone portable en une poignée de secondes, de contribuer au développement des voitures autonomes et de connecter toutes sortes d’objets à Internet, des pacemakers aux robots industriels. Elle pour-rait également changer la donne sur les champs de bataille en permettant de connecter des chars et des drones à des programmes d’intelligence artificielle.La Chine cherche à étendre sa sphère d’in-fluence grâce à la 5G. Les autorités soutiennent activement cette technologie et ont créé en 2013 une institution composée de régulateurs, d’entreprises et de scientifiques chargés de concevoir et de contrôler tous les aspects du processus. Un service d’État a été mis en place, et toute entreprise vendant des équipements 5G en Chine doit venir les soumettre à des tests. L’objectif du pays est de “devenir prédominant”, a affirmé en janvier Wu Hequan, membre de l’Académie d’ingénierie de Chine.

Un consensus international inédit émerge pour couper les ailes des Gafa »

L’Union européenne, les Etats-Unis et même la Chine commencent à agir, chacun avec ses armes, contre des géants de l’Internet dont la puissance financière et stratégique, fondée sur un modèle de recueil des données personnelles, commence à menacer les Etats trop sérieusement, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Par Philippe EscandePublié le 15.12.2020 à 11h25 

Dans la mythologie, comme dans les romans de fantasy, les gardiens ont une place centrale. Ils doivent tenir les portes contre les envahisseurs ou, à l’inverse, empêcher les gens de sortir. Le plus célèbre est Cerbère, le molosse à trois têtes gardien des portes de l’enfer. Aujourd’hui, ce sont Google, Apple, Facebook ou Amazon (les GAFA) que la Commission européenne a intronisés gardiens des portes de leur propre royaume. Ils contrôlent ceux qui rentrent, ceux qui sortent et savent tout de la vie des habitants.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Facebook menacé de démantèlement aux Etats-Unis

Bruxelles veut domestiquer les cerbères de l’Internet. Ce mardi 15 décembre, Margrethe Vestager, commissaire à la concurrence et au numérique, et Thierry Breton, son homologue au marché intérieur, présenteront deux nouveaux projets de directives, destinés d’un côté à les responsabiliser sur le contenu qu’ils diffusent et de l’autre à lutter contre l’abus de position dominante.

L’Union européenne n’est pas la seule à s’inquiéter. Aux Etats-Unis, parlementaires et administrations de tout poil s’en prennent à eux. La semaine dernière, une coalition d’Etats et la Commission fédérale du commerce (FTC) ont menacé Facebook de le forcer à revendre ses filiales WhatsApp et Instagram. Et, ce lundi 14 décembre, la même FTC a demandé des explications de la part de Google, Amazon et Facebook sur la manière dont ils collectent et utilisent les informations sur leurs utilisateurs.

Sanctions

Même en Chine, les autorités tapent du poing sur la table. Elles avaient déjà bloqué in extremis la cotation géante d’une filiale financière d’Alibaba et ont, depuis, édicté de nouvelles lois contre les monopoles privés dans le numérique. Pour la première fois, ce lundi 14 décembre, l’administration de la concurrence chinoise a sanctionné Alibaba et Tencent pour des acquisitions contrevenant à ces règles.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  « En Chine, les mastodontes comme Alibaba sont accusés d’abuser de leur monopole au détriment de milliers de PME »

Il émerge aujourd’hui un consensus international inédit pour couper les ailes des géants de l’Internet. Inédit, car il est à la fois transpartisan – républicains et démocrates américains sont d’accord sur le sujet – et présent dans tous les pays. Par leur puissance, ces gardiens sont en train de devenir une menace pour les Etats. L’effet de rendement croissant des réseaux augmente leur efficacité et diminue la concurrence.

D’autant que leur modèle est basé sur la gratuité du service contre l’échange de données personnelles. Alibaba en sait plus sur ses 700 millions d’utilisateurs que l’Etat chinois. Chacun y répond avec ses armes, l’autoritarisme pour la Chine, le juridisme pour les Etats-Unis et la régulation pour l’Europe. Cela a pris du temps, mais tous sont désormais alignés dans la même direction. La fin d’une époque.

Le monde en 2050

« Mon cauchemar préféré, la nuit est de penser à l’avenir…Demain, finalement, n’est que notre présent -en pire…Avenir : L’antimodernisme ne sera pas toléré et rebaptisé futurophobie pour faire l’objet de sanctions pénales« 

Sylvain Tesson – Une très légère Oscillation – Journal 2014-2017 – Édition Équateurs