Innovation frugale pour l’IT (les Technologies de l’Information)

https://digitalb2b.fr/wp-content/uploads/2015/04/10mbamci-owndevice_mini.jpeg
Illustration : Gabs

L’innovation frugale pour l’IT

L’enjeu est « comment faire aussi bien, voire mieux, avec moins? ». L’IT étant au cœur de la transformation numérique, il n’est bien sûr pas question d’arrêter ou de freiner l’innovation : en s’appuyant sur les transformations opérées sur les axes précédents, l’innovation doit également se transformer pour devenir frugale : frugale par les enjeux, frugale par les moyens, frugale par les objectifs, frugale par essence.

L’innovation frugale est une démarche qui vise à élaborer des solutions efficientes, dépourvues de sophistication et de superflu, avec le moins de moyens possible mais sans faire de concession sur la qualité (évaluée au plus juste) du service rendu et en anticipant le cycle de vie de l’offre et de son usage.

Elle doit s’a ppuyer sur des valeurs (simplicité, sobriété, etc.) et faire appel à toutes les compétences : celles de l’IT sont particulièrement adaptées (goût de l’innovation et du challenge fréquent parmi les professionnels du numérique). Il faut donc libérer les capacités d’innovation de l’organisation à tous les niveaux : toutes les propositions doivent être considérées tant qu’elles répondent à l’objectif de sobriété numérique.

Dès lors, il faudra mettre en place les outils et les méthodes qui vont permettre à l’innovation d’émerger, de circuler et d’être acceptée en intégrant dès le départ les démarches et pratiques de Lean IT déjà évoquées. Les projets IT devront ensuite être challengés et mesurés au regard des critères de sobriété numérique.Même frugale, l’innovation peut être source de changements majeurs et de ruptures, en particulier lorsqu’il s’agit de changer la manière de travailler, de simplifier les processus ou les organisations : il faut que l’ensemble des collaborateurs acceptent la nécessité du changement et le changement lui-même.

Pour développer une démarche de sobriété numérique, il ne s’agit pas uniquement d’optimiser le SI actuel : il faut pivoter, changer d’approche

Une IT plus frugale, une approche globale

Selon les estimations, on compte entre 50 et 80 milliards d’objets connectés en circulation sur la planète (en 2019).

ENVIRONNEMENT – Les usages du numérique sont si intimement liés à nos quotidiens, et intégrés dans tous les interstices de nos pratiques professionnelles, qu’il est complexe d’en faire l’inventaire. Des grandes infrastructures de données aux plus petits terminaux personnels, un passage en revue des forces (obscures ?) en présence s’impose.

Mesurer pour mieux agir

Avant de mettre à la poubelle tout ce qui ressemble de près ou de loin à un smartphone, un travail d’audit permet de révéler l’impact réel des différents usages. Dans le mix énergétique français, porté par le nucléaire et assez peu carboné, la principale source de pollution reste le renouvellement des équipements. “La durée d’usage est un élément important : en France on change de smartphone tous les 18 mois alors qu’il fonctionne encore”, explique Raphaël Gustavi, chef de service adjoint au service « Produits et efficacité matière » de l’ADEME. Un drame écologique lorsqu’on met en regard les 375 kg d’émissions en équivalent CO2 générées par la fabrication d’un ordinateur portable. On estime par exemple qu’il faut 70 ans d’utilisation d’un PC avant que l’empreinte environnementale de son utilisation égale celle de sa construction.

L’équipement en ligne de mire

Fortes de ce constat, les entreprises peuvent adapter leurs pratiques. Par exemple, les achats numériques font désormais peuvent faire l’objet d’une politique responsable. Le choix des fournisseurs est alors indexé à leur note ECOVADIS. Plusieurs labels permettent également d’orienter les choix : TCO garantit une durabilité des produits, EPEAT évalue l’éco-conception alors que IFixIt se penche sur les questions de réparabilité. Une attention particulière est portée par ailleurs sur l’allongement de la durée de vie des équipements. La performance des PC par exemple est soigneusement surveillée pour les remplacer seulement quand cela devient nécessaire et non plus à l’expiration de leur amortissement comptable.

En fin de vie, les équipements peuvent être confiés à la filière recyclage pour leur donner une seconde vie ou pour une élimination responsable. 

Infrastructures : la pollution invisible

S’ils représentent la partie visible de l’iceberg numérique, les équipements utilisateurs ne sont pas les seuls contributeurs à la pollution numérique. Les infrastructures IT, datacenter et réseaux de télécommunications, discrètes par définition, restent de gros pollueurs. On estime par exemple qu’en 2018, la consommation électrique des data centers était de 205 TWh pour 2% des émissions de CO2 globales… 

Là encore, les solutions existent. La réduction de l’empreinte environnementale des données passe par trois grandes mesures. La première concerne l’optimisation des taux d’utilisation, par la mutualisation et la consolidation des équipements informatiques en datacenter. La seconde s’attache à allonger la durée de vie des serveurs. Et la troisième consiste à déporter dans le cloud un certain nombre d’applications, afin de bénéficier des efforts fournis par les grands opérateurs de data centers dans l’amélioration de l’efficacité énergétique et la réduction de l’empreinte environnementale de leurs services.  

« Vent violent : le ciel se pose des questions »

Sylvain Tesson – Une très légère Oscillation – Journal 2014-2017 – Édition Équateurs