Haro sur la vidéo

 illustration : www.ucciani-dessins.com

« Climat : l’insoutenable usage de la vidéo en ligne » : le rapport sur l’impact environnemental du numérique

La vidéo en ligne, qui fait l’objet du rapport proposé intégralement en lien ci-dessous, est un cas pratique particulièrement significatif pour la mise en œuvre de la sobriété numérique. 

Dans ces 60 % de flux de données mondiaux générés par la vidéo en ligne, on retrouve 4 grands types de contenus dont aucun n’est négligeable.

Flux de données en ligne entre les différents usages du numérique et les 4 grands types de contenus de la vidéo en ligne

La sobriété numérique nécessite une régulation des usages

La sobriété dans les usages vidéos implique de diminuer l’usage et le poids de la vidéo. Cela nécessite une forme précise de régulation des usages, donc un débat sociétal. Les usages du numérique sont en effet davantage le fruit d’un système que la somme des comportements individuels. Si la régulation peut s’appuyer sur des outils et des organismes déjà existants, elle nécessite aussi un débat sociétal. En effet, dans un monde contraint par la crise climatique et la finitude des ressources, ne pas choisir entre les usages, c’est laisser la contrainte s’appliquer aléatoirement plutôt que de manière choisie.

L’année 2020, avec la crise sanitaire et ses confinements généralisés, a ouvert toutes les vannes à Internet :

Le trafic sur Internet, dopé par le streaming vidéo et les jeux, a augmenté de 30% en France pendant le confinement, selon l’étude du spécialiste américain des réseaux Netscout qui a compilé les données des fournisseurs d’accès français. Cette progression par rapport à 2019, spectaculaire mais sans surprise au vu de la situation sanitaire, se situe dans la moyenne des pays européens. 

La France se distingue, en revanche, par une croissance démesurée (63% en mars et 86% en avril) du trafic des Réseaux de diffusion de contenu (RDC), fournisseurs de vidéos qui consomment beaucoup de bande passante, là où la moyenne européenne a augmenté de 20%.

Beaucoup plus que les usages professionnels, streaming et jeux vidéos sont donc les principaux responsables de cette explosion de consommation et participent à hauteur de 10 à 20% à la hausse globale du trafic, selon un fournisseur d’accès à Internet (FAI). Camille Descroix et AFP – 2020


Le streaming vidéo, un gros problème de pollution

Les grands noms du streaming vidéo, Netflix en tête, sont les premiers responsables de la pollution numérique. Et la prééminence des courtes vidéos sur les réseaux sociaux, jusque dans le milieu des médias avec la marque Brut, posent et vont continuer de poser un sérieux problème de pollution.

La difficulté pour les utilisateurs réside dans le fait que cette pollution est invisible et qu’il est donc difficile de la combattre. Dans la même veine on peut, on doit limiter nos usages, en cessant la « course à l’armement » qui voit les foyers s’équiper de toujours plus de device (en moyenne, un américain possède 10 terminaux numériques connectés) et à leur remplacement systématique tous les 18 mois (que soit via l’obsolescence programmée ou une simple “addiction” à la nouveauté).

C’est un appel à une véritable prise de conscience, voire un cri d’alarme, que relaient The Shift Project, le CIGR, le collectif GreenIT et d’autres acteurs qui militent pour un numérique plus sobre et des usages plus raisonnés. Rien que les emails mobilisent 20% du trafic tandis que l’échange de vidéos absorbe les 80% restant, principalement via Netflix et Youtube, les réseaux sociaux et via la pornographie.

Ne pas choisir n’est plus une option viable

Du point de vue du climat et des limites planétaires, il ne s’agit pas d’être « pour » ou « contre » tel ou tel usage, comme la pornographie, la télémédecine, Netflix ou les mails : il s’agit d’éviter qu’un usage jugé précieux par la société ne pâtisse de la surconsommation d’un autre jugé moins essentiel. Il s’agit donc bien de choix sociétaux, à arbitrer collectivement pour éviter que des contraintes ne s’imposent à nos usages contre notre gré et à nos dépens. Au 21ème siècle, ne pas choisir n’est plus une option viable : sommes-nous prêts ?

« Climat : l’insoutenable usage de la vidéo en ligne » : le nouveau rapport du Shift sur l’impact environnemental du numérique

Internet  » Les hommes ont jeté sur le monde un linceul auquel ils donnent le nom d’écran « 

Sylvain Tesson – Une très légère Oscillation – Journal 2014-2017 – Édition Équateurs